LA COMBATTANTE QUI AIME L’OR
Quelle que soit la discipline, Laëtitia Blot termine toujours avec une médaille autour du cou. Après le judo, la lutte et le sambo, c’est en MMA qu’elle s’illustre aujourd’hui. Et le succès n’a pas décidé de la quitter.
Le confort et la sécurité, ce n’est pas sa tasse de thé. L’histoire de Laetitia Blot, 39 ans, est une histoire de transitions, de déséquilibres, et finalement, souvent, de choix payants
Au total, la Bretonne d’origine compte trois changements de disciplines, tous réalisés après la trentaine, à chaque fois avec succès. D’abord du judo vers la lutte, puis de la lutte vers le sambo, et enfin, plus récemment, du sambo vers le MMA. Mais ce qui la distingue des autres touche-à-tout, c’est que dans son cas, C18 s’est hissée jusqu’aux championnats du monde de chacun de ces arts martiaux. Elle a même remporté l’or par équipes en judo, à l’occasion des Mondiaux de Tcheliabinsk, en Russie (2014), ou le bronze en sambo, en 2020, en Serbie. Prochainement, c’est pour la ceinture internationale de l’Hexagone MMA (-57 kg) qu’elle combattra, en Allemagne, face à la Géorgienne Maria Torchinava.
“Je voulais garder mon joli visage”
On pourrait alors s’imaginer une éternelle insatisfaite, ressentant un besoin permanent de changement. Mais il n’en est rien. “Je n’ai jamais voulu passer comme ça d’une discipline à l’autre. Quand je l’ai fait, c’était par obligation”, a-t-elle expliqué après coup. “Par exemple, j’ai quitté le judo au moment où on m’a dit que j’étais trop vieille. Et quand j’ai arrêté le sambo, c’est parce que certaines personnes sont venues me chercher. Comme j’avais un gros bagage sportif, on m’a dit que ça allait se faire vite.” Cette dernière transition, vers le MMA, ne s’est pourtant pas décidée en un jour. Au début, Laetitia Blot y était fermement opposée, bloquée par la peur de prendre des coups. “Je voulais garder mon joli visage », rigole-t-elle maintenant. “Mais on m’a montré des photos de nanas qui combattaient, et je me suis dit : ‘au pire, je me ferai opérer, je ferai de la chirurgie’.”
“Il faut se souvenir d’où l’on vient”
Experte des sports de préhension, la petite blonde à la voix cassée a dû mettre de côté ses acquis, pour repartir de zéro en pieds-poings. Mais pas question de se dénaturer pour autant. “Comme dit mon entraîneur, Charles-Henri Tchoungui, il faut se souvenir d’où l’on vient. Si j’ai des bonnes projections, je dois garder ce fil conducteur. Mon but, c’est de coller et de mettre au sol. Même si on travaille la boxe, je ne vais pas devenir une strikeuse en deux ans !” Sa dernière victoire, lors de l’Hexagone MMA 3, en est d’ailleurs la preuve : une finition par clé de bras, héritage évident de son passé de judokate. Mais alors qu’elle cumule un record reluisant de 3-0-1, s’imposant à chaque fois avant la limite, Laetitia Blot ne s’imagine pas pour autant accumuler les cycles de préparations et d’aussi nombreux combats.
“Je ne fais que travailler et m’entraîner”
« Ça fait des années que je mets ma vie personnelle de côté et que je ne fais que travailler et m’entraîner. Ce n’est pas viable à long terme.” Car à côté du temps passé dans les salles de sport, la représentante de la team Science Duca est une contrôleuse de train impliquée, toujours sur la route entre la France et ses pays voisins. “Je ne dors pas chez moi trois fois par semaine. Je fais une nuit à Amsterdam, une nuit à Bruxelles et une nuit à Gare du Nord, à Paris. Donc j’emmène ma tenue pour m’entraîner, je vais courir, je gère tout, c’est un bazar sans nom.” Une vie à cent à l’heure, à laquelle il faut ajouter des déplacements fréquents à Marseille, posés sur ses jours de congés, afin de retrouver son club principal. “Là-bas, je dors chez la belle-mère de mon coach, qui me prépare mes repas. C’est un soutien énorme, mais à côté de ça, c’est vraiment éreintant. Sur le moment, j’ai des œillères, je suis un robot de performance, mais ça ne peut pas durer indéfiniment.” Laetitia Blot le sait bien, la vie quotidienne d’une combattante est particulièrement exigeante, mais “le positif et la fierté, on s’en rend compte après”.