Parti pour durer

Éduqué au combat dans les rues de Bucarest, Ion Grigore a choisi d’en faire sa profession sur le tard. La quarantaine passée, il souhaite maintenant rattraper le temps perdu.
Ion Grigore a 44 ans mais s’imagine encore continuer « pendant très longtemps » chez les professionnels.
S’il ne se fixe pas de limite, c’est surtout parce que sa carrière en MMA a débuté particulièrement tard. « J’ai commencé les arts martiaux en compétition à 37 ans, donc je n’ai pas pris beaucoup de coups pour un combattant de mon âge. Je suis en bonne santé, il me reste du temps devant moi. » Peu de coups, certes, mais de nombreux impacts encaissés. Car auparavant, l’imposant roumain évoluait au plus haut niveau national en rugby, en témoigne son passage au Dinamo Bucarest, le meilleur club du pays. « J’ai été pro pendant plusieurs années, mais à côté, j’ai toujours rêvé de faire carrière dans les sports de combats. » Une passion née pendant son enfance, passée à Bercini, un quartier chaud de la capitale. Et Ion Grigore le dit sans détour : « évidemment qu’il faut savoir se battre dans la rue à Bucarest. Il se trouve que moi, j’étais plutôt bon là-dedans, surtout parce que j’étais imposant ».
« Les études, ce n’était pas fait pour moi »
Après avoir raccroché les crampons, et avec plusieurs années de lutte et de boxe dans les jambes, il décide donc de tenter l’aventure MMA en se testant chez les amateurs. Un pari réussi, concrétisé par la médaille de bronze chez les lourds à l’occasion des Mondiaux de 2016. « Quand j’ai vu que je m’en sortais à ce niveau, je me suis dit que j’avais une carte à jouer chez les pros. » Ironie du sort pour un athlète polyvalent, en réussite quel que soit le sport pratiqué, Grigore est l’exception d’une famille plutôt intellectuelle. « Mes parents, mes frères, mes sœurs… Tout le monde a au moins un master chez moi. Je suis le seul à être en dehors de ça, les études, ce n’était pas fait pour moi. » Alors, pour compléter ses revenus, il officie comme agent de sécurité dans sa ville de naissance, Bucarest, et partage son temps entre les entraînements -à la Team Bullterriers- et les heures de travail, souvent nocturnes.