Le pionnier est encore là

Présent sur le circuit professionnel depuis 1993, Antony Réa célébrera ses 30 années de carrière lors d’HEXAGONE MMA 8. À 46 ans, il s’apprête à livrer l’une de ses dernières batailles, à domicile.
Même s’il n’est pas du genre à s’en vanter, Antony Réa fait incontestablement partie des pionniers du MMA français. Avec 53 combats professionnels au compteur, disputés dans une vingtaine de pays différents, le Sudiste entend maintenant refermer ce chapitre martial de la plus belle des manières, à Béziers, presque 30 ans jour pour jour après ses débuts. « J’ai commencé ma carrière en 1993, donc cette année, je veux boucler la boucle. C’est une sorte de baroud d’honneur », explique-t-il. L’occasion, aussi, de se confronter à un MMA modernisé, bien différent du sport découvert à la fin du 20e siècle. « Je viens du Kenpô et du pankido. Mon premier combat libre, je l’ai fait avant la création de l’UFC ! À ce moment-là, c’était vraiment underground. On était bien loin de la normalisation et de l’effet de mode actuel. Il y avait peu d’événements et peu de combattants. En France, on devait être 15 ou 20 à combattre régulièrement à l’étranger, c’était un microcosme. » Pourtant, à l’orée des années 2000, Antony Réa a réussi à se frayer une place dans ce milieu pas très tendre pour les « petits Français » comme lui.
« Montrer qu’à mon âge, on peut continuer à performer »
AFC, Cage Rage, Jungle Fight, KSW, BAMMA… Pendant des années, il a enchaîné les prestigieux galas, occasionnant des duels avec plusieurs figures de la discipline, comme Evangelista « Cyborg » Santos, Rich Franklin ou Vitor Belfort. « Évidemment, je me sens très différent de cette époque. Je vois bien que j’ai pris vingt ans ! », sourit-il aujourd’hui. « Mais d’un autre côté, c’est un sport qui ne repose pas uniquement sur le physique : j’ai beaucoup plus d’expérience et je me gère mieux qu’avant. Je veux envoyer un message, et montrer qu’à mon âge, on peut continuer à performer. » Une manière, aussi, de replacer les valeurs martiales au centre du débat. « Je pense que les arts martiaux, ce n’est pas juste un bouton à allumer quand on rentre sur le tatami ou dans la cage. On est comme ça dans la vie. Un artiste martial, il peut avoir toute l’attitude qu’il veut, mais quand il voit une personne âgée sur un trottoir, c’est lui qui descend. »