Gregory Bouchelaghem alias GregMMA : « Les fans de MMA vont me donner la force ! »
Figure du MMA français, passé par le Cage Warriors, le M-1 ou encore le Pride FC, Gregory Bouchelaghem, 45 ans, doit également sa notoriété à l’activité qu’il exerce sur Youtube, derrière le pseudonyme « GregMMA ». Pour son grand retour dans une cage, le 28 juillet au théâtre antique d’Orange, il entend prouver qu’il reste, avant tout, un combattant de haut niveau.
Tu n’as plus effectué de combat professionnel depuis 2006. Pourquoi avoir choisi de reprendre ta carrière maintenant, presque 20 ans plus tard ?
Il y a plusieurs raisons. D’abord, je sens que je vieillis, et que je n’ai plus beaucoup de temps pour m’amuser pleinement dans ce sport. Donc je me dis que c’est la dernière ligne droite pour prendre du plaisir. Et puis, aujourd’hui, ma notoriété est surtout due aux vidéos que je fais sur Youtube. Beaucoup de gens ne me connaissent qu’à travers ça, et ne sont pas forcément au courant de ce que je peux donner dans une cage, en situation réelle. Donc c’est aussi une manière de leur montrer ce que je vaux, et que le papy est encore là !
Cette vision, possiblement incomplète, que peuvent avoir les jeunes générations de toi, c’est quelque chose qui te pèse ?
Je ne dirais pas que ça me pèse, ce serait une forme de narcissisme qui n’a pas lieu d’être. Mais ça peut être dérangeant parfois, même s’il n’y a bien sûr pas de quoi pleurer. Je ne suis pas quelqu’un qui fait de la musculation pour amuser la galerie. Avant d’être un youtubeur, je suis un combattant, et j’ai toujours essayé de faire ça du mieux que je peux.
Les années ont passé depuis ta dernière sortie dans une cage. Es-tu un combattant différent de l’époque ?
Ça, justement, ça va être très intéressant. Je me demande comment je vais réagir. Il y a vingt ans, j’étais fougueux, mais ma technique n’étais pas aussi élaborée que maintenant. Aujourd’hui, je suis largement plus technique, et j’ai bien envie de voir ce que ça donne. Je suis vraiment curieux.
Au global, es-tu un meilleur combattant aujourd’hui, à 45 ans ?
Sur cinq minutes, c’est certain que je suis meilleur qu’à l’époque. Mais sur quinze, on verra ! J’avais un bon cardio avant, et maintenant, ce n’est plus mon point fort. Si je suis capable d’envoyer pendant quinze minutes, ça peut être dur de me battre.
Il n’y a pas que l’aspect physique. Tu as sûrement beaucoup évolué également sur le plan mental.
Avant, je combattais en partie parce que j’avais des frustrations en moi, des choses que je n’avais pas réussi à accomplir en tant qu’homme. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus calme, apaisé. Ça change beaucoup ma mentalité. J’ai moins de fougue, mais j’ai toujours faim. C’est une faim différente, je cherche des réponses. Est-ce que l’expérience et la technique peuvent compenser le manque de vitalité ? D’un point de vue martial, c’est très intéressant.
Justement, cet aspect purement martial, presque spirituel, cela t’a toujours inspiré…
Je ne pense pas qu’on ait assez d’une vie pour apprécier la totalité de cet art. Et encore moins pour avoir une expertise dans tous les domaines. Donc à chaque fois que je vais dans des clubs de lutte ou de boxe différents, je vois des gens qui m’inspirent et qui m’apprennent. Et à chaque fois que je rencontre un champion, j’essaie de m’approprier une partie de sa technique. Ça, c’est sûr que ça m’a fait grandir, c’est une belle école d’humilité.
Tu n’as jamais eu l’occasion de combattre en France, est-ce que le fait de te produire devant ton public a pesé dans la balance au moment de rejoindre HEXAGONE MMA ?
Il y a vingt ans, quand je combattais, je me faisais toujours siffler. Aujourd’hui, j’ai une bonne cote de popularité, les gens m’apprécient, et je suis sûr qu’ils seront au rendez-vous pour me donner de la force et me soutenir. Ça va me galvaniser quand je serai dans la cage et que la fatigue viendra.
Toute cette attente du public, est-ce que ça représente une grosse pression ?
La pression, je l’ai déjà quasiment toutes les semaines, quand je combats avec mes invités sur Youtube. Je me mets en danger face à un million de personnes sur internet… Donc je suis habitué.
HEXAGONE MMA 10 se tiendra au théâtre antique d’Orange, un lieu particulier et chargé d’histoire. Qu’est-ce que cela t’inspire ?
Combattre dans un théâtre antique romain, c’est un petit peu un retour aux sources ! Nous, les combattants de MMA, on a toujours été comparés à des gladiateurs des temps modernes, donc c’est l’occasion d’y être pleinement, à la fois dans le cadre et dans la pratique. Sauf que cette fois, il n’y aura pas de mise à mort… À part pour mon adversaire !
Concrètement, quels sont tes objectifs, maintenant que tu as rejoint HEXAGONE MMA ? Aller chercher une ceinture ?
Ce serait magnifique, mais est-ce que je le mérite ? Ça, on verra le 28 juillet. Mais pourquoi pas faire un dernier « rush » vers une ceinture, et celle d’HEXAGONE MMA me plaît fortement.
Ton prochain combat se fera à un poids intermédiaire de 90 kg. Dans quelle catégorie de poids comptes-tu t’installer durablement ?
J’ai presque toujours combattu à -84 kg, mais ne sais pas si je peux encore faire ce poids-là. Je ne connais pas les techniques de weight-cutting, parce que je ne l’ai jamais fait dans ma carrière, ce n’est pas forcément une idée qui me plaît. Donc je ne sais pas comment mon corps va réagir. Il faudra voir ça dans le futur.